lundi 23 janvier 2012

Les vœux des Béarnais : « béarnais » ou « occitan », langue morte


Les vœux des Béarnais : « béarnais » ou « occitan », langue morte

lundi 9 janvier 2012 par Jean Lafitte


Amis d’Alternatives Paloises, avez-vous jeté un coup d’œil sur les vœux de nouvel an formulés par des lecteurs et publiés par nos quotidiens la République et l’Éclair de lundi dernier 2 janvier ? Pour le curieux de sociologie, il y a matière à observation et réflexion...

Personnellement, mon engagement pour la langue gasconne et béarnaise de mes ancêtres me pousse à y chercher des traces de cette langue dans une expression généralement spontanée, loin des réponses orientées par les subtiles questions des sondeurs ou par les calculs conscients ou non des sondés.

Je l’avais fait pour les messages d’amoureux de la St-Valentin 2004 et pour ceux des vœux du Nouvel an 2005 et en avais rendu compte dans ma thèse : pour la St Valentin, sur 192 messages publiés, 190 étaient en français, un en italien et un seul en béarnais, en graphie béarnaise traditionnelle ; et pour le Nouvel an, sur 229 messages, un seul en béarnais, dans cette même graphie ; un autre en français s’achevait par un Adichatz, qui mêlait ch traditionnel et la finale -tz de la graphie occitane.

En 2012, la formule a deux fois plus de succès, car après élimination de 7 doubles que j’ai détectés, j’ai compté 445 vœux, dont plusieurs séries émanant d’un seul signataire. Or le seul qui ne soit pas en français est... en italien, p. IV, col. 1. Donc aucun en langue romane du pays, qu’on l’appelle du nom de « béarnais » qu’elle tient depuis 500 ans, ou du terme générique d’« occitan » issu de la loi Deixonne du 11 janvier 1951, abrogée depuis le 15 juin 2000. Aucun non plus en langue basque, malgré un lectorat important en Soule.

Parmi les destinataires nommés, les noms de famille béarnais sont assez nombreux : Palengat, Cazalet, Maunas, Serrot , etc. Mais un seul prénom est noté en béarnais, Yan, p. VII, col. 3 ; aucun prénom proprement gascon ou béarnais comme Guilhem ou Maylis, mais j’ai renoncé à compter les prénoms de jeunes directement issus des séries télévisées...

Un destinataire est nommé Cap à Cap, qui évoque peut-être l’expression béarnaise cap e cap, soit « tête à tête » ; deux autres sont des noms de groupes, Lous Esbagats du Luz et L’Arriu de Lées, écrits en graphie traditionnelle du Béarn.

Mais même l’envoi A tout [sic] les Béarnais, p. V, col. 4, est en français...
Chez les signataires, on trouve quelques noms d’allure béarnaise : Mamie Chicotte, Manicou, Miquitou, Pascalou, Patou, Pirou, Petitou, Lilou et peut-être Nizou ; et surtout Lou Baylet (p. II, col. 5) et Pierre Couartou, p. III, col. 5).
Mais on n’envoie plus ni pots, ni poutous ni poutines, plus que des bisous (avec quand même la finale diminutive ou qui vient des langues d’oc !).

Si l’on considère qu’une langue est vivante quand on l’emploie spontanément en toutes sortes de circonstances, et notamment dans la conversation familière, on est bien obligé de constater que la langue béarnais ne l’est plus. Où sont donc passés les anciens élèves de l’enseignement de l’« occitan » dispensé depuis des décennies par l’école publique ou les écoles Calandretas, fondées il y a 32 ans ?

On a vanté les bienfaits du bilinguisme, mais on le pratique aussi avec l’anglais et l’espagnol, langues vivantes que les élèves auront l’occasion de pratiquer.

Tout le ramdam fait autour de l’« occitan », les affiches « Bona Annada » au lieu du béarnais « Boune Anade », et les panneaux de signalisation urbaine en occitan, n’est-ce pas un bluff éhonté de la part de ceux qui en vivent sur fonds publics ? Il serait temps que les responsables de l’argent des contribuables en prennent conscience et réorientent les crédits culturels vers des actions plus efficaces pour la langue patrimoniale du Béarn !


- par Jean Lafitte

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